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Y'a quoi sur Netflix ? : Jacky au royaume des filles

  • Photo du rédacteur: Daniel Venera
    Daniel Venera
  • 11 oct. 2019
  • 3 min de lecture

Une comédie réalisée par Riad Sattouf (aussi auteur de BD), qui détourne le conte de Cendrillon sous fond de dictature militaire dominée par les femmes ... Rien qu’ça.

J’avais beaucoup aimé Les Beaux Gosses (2009), précédent film du réalisateur, et, vu que c’était dispo sur Netflix, j’me suis posé sur l’canap’.


En république démocratique et populaire de Bubunne, les femmes ont le pouvoir et font la guerre. Les hommes, eux, s’occupent du foyer. La dictatrice du pays (Anémone) veut marier sa fille, la Colonnelle (Charlotte Gainsbourg). Jacky (Vincent Lacoste) fou amoureux d’elle, y voit l’occasion de changer de vie…


Girl (over)power !

Le renversement (total) des rapports hommes/femmes est l’idée principale du film. Que ce soit dans l’attitude bourrine, les costumes militaires et les rapports (souvent violents) au sexe opposé, les femmes sont des stéréotypes masculins. Elles harcèlent (et parfois bien pire) des hommes soumis à leur autorité. Eux, font toutes les corvées, se marient de force et sont vus comme de la chair fraîche. Ce qui donne des scènes très drôles (notamment celles de dragues … très lourdes).


Contrairement à ce qu’on peut attendre d’un tel pitch, les hommes se complaisent dans cette société. Un léger cri de révolte, poussé par Julin, « homiste », sera rapidement avortée. Le film ne remettra alors jamais en cause ce régime. La fin pourrait donner une lueur d’espoir … Ou pas … A vous de voir.


Et c’est l’une des raisons pour lesquelles le film fut mal accueilli. Plutôt que de pointer du doigt les problèmes, comme dans Majorité Opprimée, il décrit. Il ne donne pas de leçon, ni de solution. Il conte. Et c’est grâce à ça qu’on se rend compte de l’absurdité du patriarcat (et perso, je suis beaucoup plus friand de cette démarche).


Gloubiboulga fasciste

La dictature de Bubunne renvoie à la fascination de l'auteur de L’arabe du futur pour les régimes totalitaires. Les décors réels sont des vestiges du communisme. Le Palais de la Générale est celui de Gori, en Géorgie, ville natale de Staline (la première scène dans ce décor est MA-GNI-FIQUE).


Museau, village natal de Jacky, aux maisons identiques, est un vrai village géorgien. D’ailleurs, les figurants du film ont connu le communisme. Ils étaient donc très sensibles à l’histoire. Il y a même des femmes qui n’avaient jamais mis de pantalons avant le tournage.

Il y a d’autres échos à des dictatures : celle de Corée du Nord (avec le drapeau de Bubunne), du IIIe Reich (les costumes noirs des policières) ou de Pinochet (l’attitude de La Générale). Pour la « voilerie » portée par les hommes, on pourrait y voir une référence aux républiques islamiques. Mais, d’après Sattouf :

« La voilerie s'inspire aussi de la tenue des bonnes sœurs et rappelle les couleurs des moines bouddhistes »

Sattouf mélange (et noie) les références pour créer son propre langage. Car oui, à Bubunne, les couillards portent des culottins, mangent la bouillie, parce que manger des plantins c’est blasphèmerie… Pardon ? A l’instar d’Orwell dans 1984, l'auteur recréé une langue très riche.

« J'ai féminisé certains mots d'autorité. Un blasphème est devenu une "blasphèmerie". Dans l'autre sens, j'ai pris une culotte, qui est plutôt sexy quand on l'associe à une fille, pour la transformer en "culottin". »

Perso, j’adore cette idée. Ça nous immerge complètement dans l’univers. Bon, les 5 premières minutes ont été difficiles à piger … mais on devient vite bilingue.


On fait l’bilan

Jacky au royaume des filles a une idée très simple. Renverser les rapports hommes/femmes. Autour de ça, Sattouf déploie une tonnelée d’inventions pour décrire cette dictature. Ce que j’ai soulevé plus haut n’est qu’un centième de tout ce qu’il y a dans le film.

Non seulement il fait écho à notre société, mais il en créée une nouvelle, comme jamais personne ne l’a fait en France. Personne. Comme lui, c’est à nous de prendre des risques. Allons en salles (ou sur Netflix) pour découvrir ces ovnis qui en ont dans l’culottin.

Ah oui, et puis le casting, habitué aux comédies grand public, est 15 étoiles. Ça fait plaisir de voir Didier Bourdon au top de sa forme.


Pour aller plus loin


J’ai découvert Jacky au royaume des filles dans la série de livres Le cinéma français c’est de la merde. Chaque bouquin prend 75 films français méconnus (et souvent très étranges), pour en faire des critiques-analyses. C’est drôle, les illustrations sont dingues. Je vous recommande vivement 😉

 
 
 

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