Critik : One Mind
- Daniel Venera
- 17 déc. 2019
- 2 min de lecture
Immersion chez les moines bouddhistes

Depuis 7 mois, tous les jours, je médite. Assis sur une chaise, les yeux fermés, j'essaie de me concentrer sur ma respiration.
Depuis peu, je m'intéresse au Zen : sa pratique me fascine.
« D'instant en instant, observer votre respiration, observer votre position, c'est la vraie nature. » Shunryu Suzuki, maitre zen, dans Zen Mind, Beginner's Mind
Pendant plus de 15 ans, Edward A. Burger a vécu et étudié les traditions des communautés bouddhistes en Chine. Son documentaire, One Mind, nous plonge en immersion dans le Temple Zhenru Chan, sur le Mont Yunju. Les moines y suivent le code du Zen, établi il y a plus de 1200 ans.
Ils méditent 8h par jour. Assis en tailleur, ils s'efforcent à dépouiller leur mental. A l'image d'un bœuf qui échappe à la vigilance du vacher, sans notre attention, l'esprit vagabonde. Dès les premières minutes du documentaire, un méditant, crispé, fronce les sourcils : la quête de sérénité est difficile.
Aussi, les moines pratiquent le Zen pendant leurs travaux manuels, organisés étape par étape, afin de maximiser la concentration. Car, pour cueillir un bourgeon de théier avec deux doigts, il faut être précis.

Dépouillé de point de vue ou d'intrigue, One Mind invite à la contemplation. En très gros plan, Burger filme la faune et la flore : l'araignée tisse sa toile, la goutte d'eau ruisselle sur la feuille. Il représente les éléments : l'eau arrose la terre, le vent caresse les arbres et le feu chauffe les cheminées. Nous pouvons jouir de la beauté du monde, comme le moine s'extasie de la perfection d'une feuille de thé.
Dépourvus d'explications, les rituels codifiés désorientent et fascinent. Dans un couloir, un moine immobile tient un long bâton qu'il frappe au sol, ramène à lui, avant de recommencer. Comme pour y déceler sa signification, Burger filmera cette pratique plusieurs fois, en cachette.
A l'instar de ces moines, le documentaire vit hors du temps. Les plans s'étirent pour laisser place à la contemplation. Les multiples ellipses troublent nos repères : la pratique Zen est intemporelle.
Elle est dépourvue de but. Seule sa régularité compte. Les activités (méditation, travaux manuels) se répètent et le montage est cyclique (les séquences de début et de fin sont similaires) : la quête de sérénité est perpétuelle.
On fait l'bilan
Avec un petit budget et une faible distribution en salles, One Mind mérite d'être soutenu. Dans ce temple qu'est la salle de cinéma, il offre une pause méditative et contemplative, d'une richesse documentaire rare. On en ressort apaisé, plus sensible à notre intérieur et au monde extérieur.
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