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3 Scènes : Le son des blocs

  • Photo du rédacteur: Daniel Venera
    Daniel Venera
  • 4 déc. 2019
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 10 déc. 2019

Trois morceaux de bravoure

Allez voir Les Misérables. Ladj Ly réussit à nous immerger dans l’univers clos, festif, morose et violent de Montfermeil. J’en suis sorti suffoqué. Ce qui m'a donné envie de me replonger dans les films sur la banlieue.tr


Et, quand je pense à des scènes qui m'ont marquées, ce sont surtout des morceaux de musiques qui me reviennent en mémoire. Des morceaux qui traversent les époques, comme si mon imaginaire de la banlieue balançait entre héritage et modernité.


Aujourd’hui, je vous propose 3 scènes iconiques, en 3 pistes.


L’évidence de l’évidence

Il fallait que j’en parle. La Haine (1995) de Matthieu Kassovitz est un monument.

A la cité des Muguets, à Chanteloup-les-Vignes, Abdel, pris à parti par un inspecteur de police, se retrouve dans le coma. Une émeute éclate. Vinz (Vincent Cassel) a récupéré un pistolet de la police pendant les affrontements. Accompagné de Saïd (Saïd Taghmaoui) et d’Hubert (Hubert Koundé), il cherchera à venger Abdel.


Notre scène se trouve au début du film, dans la cité :

C’est le genre de scène qui crée des vocations. A cette époque, voir les scratches de Cut Killer sur grand écran a bouleversé toute une génération de DJs français. La sauvagerie d’NTM, la fragilité de Piaf, les sirènes du morceau de KRS-One : ce mix est devenu un hymne. D’ailleurs, c’est « It’s a sound of tha police » qu’on entend … pas « Assassin de la police ».


Bien que la scène soit l’une des plus iconiques du film, Kassovitz ne l’aime pas. Pendant le tournage, il voulait que la caméra se mette au-dessus de Vinz et de Saïd, et qu’elle redescende vers eux. Mais l’hélico ne le permettait pas. C’est grâce au drône que Ladj Ly, dans Les Misérables, pourra filmer les barres HLM de Montfermeil, en toute liberté.


Le Revanchard

Aussi jouissif qu'un Guy Ritchie ou qu'un Tarantino (oui oui), Le monde est à toi (2018) de Romain Gavras a fait un grand bien au cinéma français. Et son générique est … plutôt surprenant (pour des raisons de droits je ne peux pas diffuser la scène … je vous invite donc à mater le film 😉 ) :

L’hommage passionné de Sardou pour Johnny Halliday colle parfaitement au grandiose des barres HLM de la cité du Pont de Sèvres et à l’envie d’émancipation de François, notre personnage principal, qui rêve de créer un business de Mister Freeze au Maghreb.


Membre du collectif Kourtrajmé, avec, entre autres, Kim Chapiron et Ladj Ly (encore lui !), Romain Gavras a aussi réalisé des courts-métrages et des clips, comme celui du Stress de Justice, qui avait fait polémique en 2007. On y voit des jeunes de banlieue multiplier des actes violents devant la caméra de journalistes. Incompris à l’époque, le clip est une critique des médias d’information, qui tordent la réalité des images, pour faire gonfler son audience, et participe, de ce fait, à la montée de la violence. Si ça vous intéresse, une analyse plutôt bien foutue est disponible ici.


La Grisaille

Le terrain vague de Saint-Maur-des-Fossés, l’impèr’, la bagnole : c’est l’ouverture du Série Noire (1979) d’Alain Corneau, avec Patrick Dewaere :

Dans sa banlieue morose, Franck Poupart rêve à l’américaine. Licencié, largué par sa femme, il rejoindra la jeune Mona (Marie Trintignant) pour commettre son premier crime …


Inspiré par le Mean Streets (1973) de Scorsese, Corneau nous livre un film brutal, à la bande-son éclectique (ici Duke Ellington mais aussi Claude François, Gilbert Bécaud ou Boney M.) avec un Patrick Dewaere en transe. Ce dernier dira même que c’était le meilleur rôle de sa carrière, 3 jours avant de nous quitter.


Bonus Track

Je ne pouvais pas vous laisser sans parler de LA meilleure BO du rap français selon moi. C’est celle de Ma 6-T va cracker (1997), qui compile des morceaux d’IAM, Passi, KRS-One ou encore 2 Bal & Mystic :


 
 
 

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