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Plan-Plan : Le Parrain

  • Photo du rédacteur: Daniel Venera
    Daniel Venera
  • 18 oct. 2019
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 22 oct. 2019

Ou comment le diable se cache dans les détails

Dès le début d’un film, je me pose toujours la même question : comment les personnages seront montrés ? Comment nous allons percer leur nature profonde par rapport à leur routine, leur silhouette … mais aussi, et surtout, leur gestuelle.


Caractériser un personnage par un geste, ça demande de la subtilité. Montrer qu’untel est anxieux en lui faisant se ronger les ongles, ça, tout le monde peut le faire. Lui donner des micro-mouvements de sourcils qui exprimeraient le mépris, mais que seul un mentaliste pourrait voir, ça n’a pas d’intérêt.


Non. Ici je parle du petit geste simple. Celui qui veut tout dire. Mais la simplicité, c’est très difficile à trouver. Et, quoi de mieux pour parler de petit geste, que d’évoquer l’un des plus grands films du cinéma...


La scène

Bon. Fallait que j’en parle un jour et ça sera très rapide.*Enfonçage de porte ouverte* Le Parrain est un monument. Le scénario, le jeu des acteurs, la musique … TOUT est grandiose. Voilà. Donc ceux qui ne l’ont pas vu, vous savez ce qu’il vous reste à faire (en plus, c’est sur Netflix).


Il y a beaucoup, BEAUCOUP de scènes qui méritent une analyse tellement ce film est une leçon. Mais celle que j’ai pris aujourd’hui est loin d’être la plus mémorable. Et pourtant …


Michael Corleone (Al Pacino) revient du Vietnam et retrouve sa famille, qui dirige la pègre new-yorkaise. Il ne se reconnaît pas dans leurs actes criminels. Il sait qu’il n’est pas comme eux.


--- SPOILER ZONE ---


Notre extrait se situe au début du deuxième tiers du film. Vito Corleone, père et chef de la famille, est à l’hôpital. Michael lui rend visite. Vito est anormalement seul, sans protection. Et en pleine guerre de gang, on peut venir l’achever à tout moment. Enzo, le boulanger, vient lui porter un bouquet de fleurs. Michael lui demande de partir, il risque d’y avoir du grabuge. Mais Enzo, par respect pour Vito, insiste pour l’aider. OK. Michael lui demande d’attendre dehors. Il a un plan.


Et c’est ici que commence notre extrait :

On pourrait disserter longuement sur cette mise en abîme du jeu d’acteur au cinéma. Mais, vous l’aurez compris, on va s’intéresser à ce qu’il y a après. Vu la situation ultra-stressante, Enzo tremble de partout. Michael l’aide à allumer sa cigarette. Il referme le briquet et regarde ses propres mains, qui, elles, ne tremblent pas. Vous remarquerez que le réalisateur, Francis Ford Coppola, ne s’attarde pas sur ce geste. Au fond, ce n’est qu’un homme qui regarde ses mains.


Mais ce petit geste fait basculer le film. Comparé à Enzo, Michael comprend qu’il ne tremble pas. Qu’il a ça dans le sang. Qu’il est bien le fils de Vito Corleone. Un gangster. En un geste, Coppola résume tout le thème de l’héritage familial : un homme ne peut pas renier son sang. C’est puissant, et surtout, subtil.


Tellement subtil que j’avoue ne pas avoir remarqué ce détail la première fois. Mais, depuis, ça m’obsède. C’est le genre d’idée simple, efficace, qui a forgé ma cinéphilie.

Qu’on s’entende bien. J’aime le grand spectacle. Mais, à chaque film, j’essaie de retrouver ce petit détail qui fait tout. Celui qui te résume une vie.


Pour aller plus loin

J’avoue. Cet article est complètement inspiré par La Séance de Marty. Son format Cette scène, à l’instar de Plan-Plan, analyse une image, une scène ou une séquence d’un film. Comme ce que j’essaye de faire, il insiste sur un détail, ce petit truc qui fait tout.

J’ai découvert sa chaîne la semaine dernière et il est devenu mon Youtubber cinéma préféré. Oui, rien que ça. L’écriture est passionnée. Quand il aime, ça l’obsède. Quand il déteste, il détruit. Je ne suis pas toujours d’accord avec lui. Mais c’est passionnant. Et ce montage. Ce montage ! Je n’ai jamais vu, ni entendu ça sur Youtube. Sa critique du dernier Dolan m’a tué de rire. Son analyse de La Guerre des Mondes m’a donné les mêmes frissons que j’ai ressenti au cinéma il y a 15 ans.


Voilà. Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne séance 😉

 
 
 

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