Les remises de prix
- Daniel Venera
- 2 mars 2018
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 avr. 2018
Ce soir, c’est Césars. Dimanche, c’est Oscars.
L’occasion de te donner mon avis sur la question.

En France, il y eut 213 millions de billets de cinéma achetés en 2016 et seulement 2 millions de téléspectateurs devant les Césars 2017. Pourquoi un si petit score pour cette « fête du cinéma » ?
La cérémonie est longue : 3 heures de congratulations où les moments de grâce sont rares. Elle ne galvanise que lorsqu’elle pointe des problèmes de société. Lorsqu’elle se fait « miroir du monde », comme le cinéma même. Ce soir, les invités porteront un ruban blanc contre les violences faites aux femmes. Dommage. Très peu de personnes le verront.
Car comment s’identifier à une cérémonie si élitiste et glamour ? Dans une salle de cinéma, on ressent les mêmes émotions que des centaines d’inconnus. Pas de tapis rouges, de smokings, de flashes de photographes. Aux Oscars 2016, Jenny Beavan remporte la catégorie « meilleurs costumes » pour Mad Max Fury Road. Comble de l’ironie, sa tenue « inadéquate » sera moquée. C’est honteux.
D’ailleurs, les nominations sont tout aussi élitistes.
Le prix du « meilleur film » est attribué à …

STOP. Combien de fois j’ai entendu : « Les Césars c’est nul, ils ont pas récompensé ce film ». On s’en fout des Césars. Si, pour toi, ce film est le meilleur, C’EST le meilleur film.
Le jury n’a aucune légitimité. 4248 professionnels votent. Soit 0,006 % de la population. Comment donner crédit à ce vote anti-démocratique ? Ils sont professionnels ? Et nous alors, ne sommes-nous pas capables d’avoir des goûts ? Les films sont faits pour les spectateurs.
Ce soir, un nouveau prix, le « César du Public », sera remis au film français ayant fait le plus d’entrées. Une décision de l’académie après que Dany Boon ait menacé de boycotter la cérémonie qui, selon lui, ne récompensait pas ses films les comédies. Tu vas l’avoir ton César Dany (Raid Dingue a fait 4,5 millions d’entrées). Bravo. Mais on récompense le nombre d’entrées, pas la qualité.
Il serait pourtant facile de nous faire voter. On est en 2018. L’académie pourrait avoir une plateforme de vote en ligne, ou un échantillon de spectateurs qui voteraient pour leur film préféré.
Mais non. On se retrouve avec une sélection balisée de « films à Oscars », reconnaissables :
Ils sont politiquement corrects. Three Billboards enchaîne les récompenses grâce à sa qualité mais aussi parce qu’il peint une femme forte, à un moment où l’industrie du cinéma en a besoin. Dimanche dernier, la Berlinale a récompensé Touch me Not, alors que la critique ne suit pas. Avant de récompenser la qualité, les remises de prix transmettent un message politique.
Les acteurs font des performances, se griment. Dans The Revenant, Leonardo Di Caprio dort réellement dans une carcasse de cheval. Daniel Day-Lewis, méconnaissable dans Lincoln (2012), remportera un Oscar.
Aussi, on porte une trop grande importance aux cérémonies américaines et françaises. Le cinéma est mondial. Alors jetons un œil au palmarès iranien, coréen ou brésilien. Sortons des sentiers battus.
Couverture médiatique

Com' de sauvages
Une nomination est un puissant outil marketing. Pourtant, ces films n’en ont pas besoin pour exister. On a déjà vu des affiches, des trailers. Partout.
Au contraire, les académies devraient élire des films méritant une plus grande couverture médiatique. J’ai travaillé pour « Une Nuit Trop Courte », le festival de court-métrage étudiants de Grenoble. Le jury récompensait des réalisateurs inconnus, talentueux et qui avaient besoin de ce prix. Sans ça, ils n’auraient pas de moyens pécuniers pour continuer.
D’ailleurs, face au long, les catégories « court-métrage » sont transparentes et témoignent de l’absence de ce format dans nos salles. Il n’y avait que 4 projections des nominés aux Césars dans toute la France. Il n’y avait que 4 personnes dans la salle pour la sélection « Court Métrage d'Animation », alors qu’ils étaient tous formidables. Le comble c’est que j’ai raté la sélection « Court Métrage » à cause ...d’un problème de métro.
Quand on voit passer ces prix, on s’en fout. On ne connaît même pas les films.
Alors, allons voir des courts. Il y en a partout, tout le temps. Par exemple, le 14 mars commence la « fête du court-métrage ». On peut en trouver en ligne. Marlon, nommé aux Césars est disponible ici.
Oublions la compétition. Allons au cinéma. C’est à nous de choisir les films de l’année. Nos films.
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